Les Français se tournent de plus en plus vers l’assurance-vie. La récente mise en place de la « flat tax » n’a pas remis en cause son cadre fiscal favorable.

L’assurance-vie reste le placement préféré des Français, et l’instauration de la flat tax ne semble change en rien l’intérêt de détenir ce produit. En effet, les nouvelles règles fiscales applicables lors d’un rachat partiel ou total sur un contrat d’assurance-vie semblent plus avantageuses. Par ailleurs, les modalités de fonctionnement de ces contrats sur lesquelles repose principalement son succès, ont été préservées.

L’assurance-vie, prisée par les Français les plus riches

Pour rappel, l’assurance-vie est un placement financier utilisé pour préparer sa retraite ou une succession. Il s’agit d’un placement sans plafond, avec des retraits possibles sans taxe au-delà de 8 ans de détention. Le succès de ce produit ne dément pas. Effectivement, au cours des six premiers mois de l’année 2018, le montant des versements collectés par les sociétés d’assurance s’est élevé à 72,4 milliards d’euros, contre 68,3 milliards d’euros sur la même période l’année précédente, selon les chiffres publiés par la Fédération Française de l’Assurance (FFA). Les prestations versées par les sociétés d’assurance correspondant aux retraits ont atteint 60,1 milliards d’euros. Depuis début 2018, la collecte nette s’établit finalement à 12,2 milliards d’euros, dont 2 milliards d’euros pour le seul mois de juin. En cause notamment : les incertitudes liées à la période électorale de 2017 qui ont amené les épargnants à se tourner vers des valeurs refuge comme l’immobilier ou les placements liquides.

Le regain d’intérêt pour ce placement peut sembler étonnant. Pourtant, les rendements des fonds en euros qui représentent près de 80 % des encours continuent de diminuer. En 2017, ils s’établissaient en moyenne à 1,8 %, soit une baisse de 0,2 point en un an seulement, alors qu’un taux moyen de 1,5 % était attendu cette même année. Cette tendance devrait se poursuivre en 2018. Les fonds en euros sont majoritairement investis en obligations dont les rendements se maintiennent à un niveau très bas. Cela montre que les épargnants se tournent de plus en plus vers l’assurance-vie à risque, alignée sur la Bourse. Cette dernière procure un rendement plus élevé : +5,3 % en moyenne en 2017. Ces supports en unités de compte mis en avant par les sociétés d’assurance représentent 30 % de la collecte (soit 3,7 milliards d’euros pour une collecte brute de 12,3 milliards d’euros), contre 28,4 % sur l’ensemble de l’année 2017. Des chiffres qui ont de quoi satisfaire les sociétés d’assurance pour qui, ces produits à risque sont moins coûteux en termes de fonds propres et plus rémunérateurs.

Enfin, ce placement financier bénéficie du nouvel impôt sur la fortune qui taxe les actifs immobiliers mais peu l’assurance-vie. De ce fait, elle est désormais prisée par les plus riches.

L’assurance-vie tire profit de l’effet flat tax

La flat tax également appelée prélèvement forfaitaire unique (PFU), s’applique aux revenus du capital et donc aux contrats d’assurance-vie. Depuis le 1er janvier 2018, cet impôt forfaitaire de 30 % concerne désormais les gains issus de versements effectués à partir du 27 septembre 2017 par les épargnants dont l’encours du contrat d’assurance-vie est supérieur à 150.000 euros pour une personne seule, à 300.000 euros pour un couple, et sur les contrats détenus depuis moins de 8 ans, quel que soit l’encours.

L’assurance-vie bénéficie par ailleurs de l’effet négatif du prélèvement forfaitaire unique sur le Plan d’Epargne Logement (PEL). En effet, depuis que les intérêts issus des PEL souscrits depuis le 1er janvier 2018 sont soumis à cette taxe, les Français ont tendance à délaisser ce support. De plus, à ce jour, aucun autre changement concernant la fiscalité de l’assurance-vie n’est prévu. Ce produit d’épargne conserve un atout considérable par rapport aux autres produits d’épargne en termes de droits de succession. Lorsque l’assuré décède, les sommes perçues par le conjoint ou le partenaire de PACS sont totalement exonérées de droits de succession. Les autres bénéficiaires sont soumis à des règles différentes selon l’âge auquel l’assuré a effectué ses versements. Un abattement général de 30.500 euros s’applique sur les primes versées pour les sommes investies après les 70 ans de l’assuré. Pour les primes versées avant 70 ans, l’assurance-vie permet de transmettre jusqu’à 152.500 euros par bénéficiaire sans droit de succession.

Ainsi, plusieurs raisons expliquent le succès actuel de l’assurance-vie : la possibilité de diversifier ses investissements, une fiscalité attractive, une mise en complémentarité avec d’autres solutions d’épargne, des versements non figés mais également la possibilité pour le souscripteur de modifier son contrat à tout moment.

Cette année, la rémunération des fonds en euros devrait encore baisser. Cependant, l’engouement des Français ne devrait pas s’essouffler. Le vieillissement de la population associé à la hausse des prix de l’immobilier pourrait dissuader certains ménages à investir dans la pierre et jouer en faveur de l’assurance-vie.