Le 1er trimestre 2019 frôle les records enregistrés sur ce marché. Sur cette période, la collecte des SCPI dépasse 2 milliards d’euros.

Le marché des SCPI se porte très bien. Au 1er trimestre 2019, 2,1 milliards d’euros ont été collectés, soit une hausse de +74 % sur un an, selon un bilan publié par l’ASPIM. Comment expliquer cette euphorie ? Quels sont les risques liés à cette importante collecte ? Éléments de réponses.

Une conjonction de facteurs favorables

Alors que ces dernières semaines plusieurs sociétés de gestion ont constaté une forte hausse du niveau des souscriptions, les données publiées par l’ASPIM ont confirmé cette tendance. Il ressort de ce bilan que les SCPI d’immobilier d’entreprise ont affiché une collecte nette de 2,1 milliards d’euros, un rebond qui laisse entrevoir de belles perspectives pour les prochains mois. Ce sont principalement les SCPI de bureaux qui ont tiré la collecte (+104 %, à 1,2 milliard d’euros), suivies des SCPI spécialisées (+77 %, à 285 millions d’euros) et des SCPI diversifiées (+71 %, à 389 millions d’euros).

Parmi les facteurs ayant incité les épargnants à investir sur ce marché, il y a d’abord la baisse des marchés financiers avec, en 2018, une performance du CAC 40 de -11 %. Cet « effet marché » a probablement poussé les épargnants à privilégier des placements non cotés moins volatils. Autre facteur : le ralentissement de l’économie mondiale enregistré depuis le 2ème semestre 2018. En effet, le taux d’emprunt à 10 ans de la France a été divisé par 4 en seulement 6 mois, passant de 0,80 à 0,20 %. Face à cette forte baisse des taux d’intérêt, les SCPI font donc figure de valeur refuge. Enfin, le rendement des SCPI a fini de convaincre les investisseurs. Les SCPI ont affiché un rendement annualisé de 4,50 % au 1er trimestre auquel il faut ajouter les revalorisations de prix des parts. Ainsi, le rendement global des SCPI a atteint 5,6 % sur cette période.

Quelles sont les sociétés les plus dynamiques en termes de collecte ?

Comme en 2018, Primonial REIM s’impose parmi les gestionnaires les plus collecteurs. En 2018, la société de gestion spécialisée en immobilier de Patrimonial a passé le cap des 17 milliards d’euros d’encours et ses SCPI ont collecté 911 millions d’euros. La collecte de Primonial est finalement près de deux fois plus élevée qu’au 1er trimestre 2018, à 183 millions d’euros.

En 2ème position du classement des sociétés les plus collectrices au 1er trimestre 2019, on retrouve Amundi Immobilier, avec une collecte à 275 millions d’euros pour les SCPI, contre 166 millions d’euros au 1er trimestre 2018.

La troisième place du podium est occupée par Corum AM avec une collecte à 192 millions d’euros, soit une hausse de 53,7 % par rapport au 1er trimestre 2018. Pour rappel, en 2018, les SCPI Corum Orign et Corum XL s’étaient distinguées avec des rendements bien supérieurs à ceux du marché, respectivement à 7,28 % et 7,91 %.

Le reste du classement a subi des changements mineurs, à l’exception de la collecte enregistrée par Perial Asset Management en hausse de 185 % au 1er trimestre 2019. Effectivement, sur les trois premiers mois de l’année, la SCPI PFO2 a collecté 132 millions d’euros, soit trois fois plus qu’à la même période l’année précédente. Par ailleurs, les souscriptions ont presque doublé pour les deux autres SCPI gérées par Perial AM, PFO et PF Grand Paris, passant respectivement à 22,8 millions d’euros et 33,6 millions d’euros.

Forte hausse de la collecte des SCPI : quel risque pour le marché ?

Près d’un million de Français auraient investi dans des parts de SCPI en 2018. Selon une étude récente, l’investissement moyen par épargnant dans les SCPI, en direct ou via une assurance vie, est de 75 000 euros. Ce placement qui reste l’un des rares ouvert au grand public concurrence désormais l’assurance vie.

Mais alors qu’en 2018, la baisse de la collecte des SCPI avait rassuré sur la capacité des sociétés de gestion à réinvestir et faire fructifier l’épargne confiée par les souscripteurs, cette année, on pourrait craindre l’impact de volumes trop élevés sur les rendements. Les gestionnaires risquent-ils de manquer d’opportunités de placement ? Plusieurs observateurs ont fait part de leurs inquiétudes concernant le marché des SCPI. En tout cas, les données publiées par l’ASPIM montrent que le secteur a su maintenir son dynamisme en dépit des nouvelles contraintes réglementaires (MIF2, PRIIPs). La capitalisation totale des fonds au 31 mars 2019 s’établit à plus de 70 milliards d’euros marquant une progression de 4,7 % sur un trimestre et 15 % sur un an. Reste à savoir si cette tendance haussière sera maintenue sur l’ensemble de l’année. La plupart des professionnels se disent pour le moment optimistes.