Entre 2015 et 2018, le patrimoine des Français s’est appauvri, selon une étude de l’INSEE. Le patrimoine financier a diminué de 1,8 point et le patrimoine immobilier de 0,9 point.

Une baisse progressive de la détention de supports financiers

C’est la première fois en 20 ans que l’INSEE constate une baisse de la détention de supports financiers chez les ménages français. Début 2018, 88 % des ménages posséderait au moins un produit d’épargne autre qu’un compte courant, contre en moyenne 95% de 1998 à 2017. Bien que ce taux reste élevé, cette baisse montre tout de même qu’un nombre important de français se détournent des placements d’épargne. Les livrets d’épargne semblent particulièrement touchés par cette baisse : par exemple, 73 % déclaraient être titulaires d’un Livret A en 2018, contre 76 % en 2015. Pour la première fois depuis 10 ans, la part des ménages détenant un livret défiscalisé comme le LDDS (34,6 %) a reculé de 2,3 points par rapport à 2015. Cela peut s’expliquer par le rendement réel négatif de ces produits (retraité de l’inflation). Pour rappel, le ministère de l’Economie et des Finances avait annoncé une hausse du taux du Livret A au 1er janvier 2020, de 0,75 à 1,25 %. Deux autres hausses devraient intervenir pour atteindre un taux à 2 % au 1er février 2021.

Quant à l’assurance vie, elle conserve sa place de placement préféré auprès des Français. Avec le PEL, elle représente le seul produit d’épargne dont la détention a progressé ces trois dernières années Selon l’INSEE, 39 % des ménages possèdent au moins une assurance vie, contre 37 % en 2015 et 26 % en 2004. Même si les unités de compte ont progressé, plus de 63 % des contrats sont encore monosupport en euros.  

Enfin, l’épargne retraite fait également partie des actifs financiers en net recul. En 2018, seuls 13,5 % des ménages détiennent de l’épargne retraite, contre 14,4 % en 2015. Les détenteurs s’orientent vers trois produits principaux : l’épargne retraite complémentaire volontaire (36,2 %), la surcomplémentaire (44 %) et le PERP (32 %). Les travailleurs non-salariés moins bien protégés par les régimes de base et complémentaire privilégient l’épargne retraite.

La part des Français propriétaires diminue

Autre point souligné par l’étude : le recul de la détention de patrimoine immobilier en France entre 2015 et 2018. Malgré cela, l’immobilier conserve une part importante dans le patrimoine des ménages. Début 2018, 61,6 % étaient propriétaires d’un bien immobilier. Plus précisément, 57,7 % sont propriétaires de leur résidence principale et 17,7 % d’un autre logement (résidence secondaire, logement vacant, loué ou mis à disposition gratuitement). C’est la première fois qu’une baisse du taux de détention du patrimoine immobilier est observée depuis son estimation par l’enquête Patrimoine de l’INSEE.

L’INSEE révèle par ailleurs que la détention d’un patrimoine immobilier est corrélée avec l’âge. L’organisme précise toutefois que ce constat se vérifie moins depuis 2010. Ainsi, entre 2010 et 2018, l’augmentation de la détention de patrimoine immobilier est plus significative chez les jeunes ménages (+6,4 points pour les moins de 30 ans et +4,7 points pour les trentenaires). Les jeunes ménages et notamment les plus aisés n’hésitent pas à recourir au crédit pour concrétiser leurs projets. Il faut dire que les établissements financiers lancent des opérations ciblées à destination de ces profils qu’ils souhaitent fidéliser. Néanmoins, chez les seniors, l’investissement dans l’immobilier recule de près de 7 points depuis 2010. Dans le détail, sur la période 2010-2018, la détention baisse de 6,8 points chez les 50-59 ans, 7,4 points chez les 60-69 ans. Ces chiffres peuvent s’expliquer par un accès à la propriété plus difficile et une désaccumulation plus précoce. Il apparaît également que le patrimoine ne progresse pas tout au long de la vie. Un grand nombre de ménages piochent dans ce patrimoine une fois à la retraite. En effet, le pic de patrimoine moyen se situe entre 65 et 69 ans (351.600 euros).

La détention de patrimoine professionnel reste stable

Début 2018, 14,8 % des ménages possédaient un patrimoine professionnel. Celui-ci est essentiellement composé d’entreprises, de terres ou encore de bâtiments. De manière générale, le patrimoine professionnel correspond à l’ensemble des biens nécessaires à l’exercice d’une activité professionnelle. Selon l’INSEE, seule la détention de patrimoine professionnel est restée stable depuis 2010 (-0,2 point).

Ainsi, il sera intéressant de mesurer les évolutions du patrimoine immobilier fin 2019 après prise en compte des premiers effets liés à la mise en place de la loi Elan. Celle-ci prévoit plusieurs mesures dont : la création d’un nouveau type de bail, le retour de l’encadrement des loyers, la simplification des normes dans l’urbanisme ou encore le déploiement du très haut débit.