Malgré les faibles taux d’intérêt, 16 % des ménages estimaient que la charge de remboursement de leur crédit était trop lourde en 2018, contre 14 % en 2017.

Une part importante des ménages français ont le sentiment que la charge de remboursement de leur crédit était trop importante en 2018 par rapport à l’année précédente. Pourtant, le nombre de dossiers de surendettement traités par la Banque de France est en baisse. Comment expliquer ce sentiment d’alourdissement des charges financières ?

Le poids des crédits considéré comme trop lourd

Malgré des conditions de prêt idéales, les ménages ont l’impression que leurs crédits pèsent de plus en plus lourd dans leur budget. En 2018, 16 % d’entre eux considéraient que le poids de remboursement de leur emprunt était trop important ou beaucoup trop élevé, selon une étude de la Fédération bancaire française (FBF) s’appuyant sur une enquête menée par TNS-Sofres en novembre 2018 auprès de 13.000 ménages. En 2017, cette part s’établissait à 14 %.

Plus précisément, 47 % des ménages indiquaient en 2018 que le poids de leur dette était « supportable » ou « très supportable », soit trois points de moins par rapport à 2017. En 2016, ils étaient 49 % à partager cet avis. Ceux qui estiment que le poids de leur crédit est « élevé mais supportable » est stable, oscillant entre 36 et 37 % entre 2016 et 2018.

Un fossé entre la réalité des faits et la perception des Français

Il existe un écart entre la réalité des faits et le ressenti des ménages français. Michel Mouillard, l’économiste responsable de l’enquête indique qu’il n’y a « aucun élément qui permette d’objectiver ce qui pourrait ressembler à un alourdissement des charges de remboursement ». Au contraire, les conditions d’emprunt restent particulièrement attractives.

Cette impression d’alourdissement des charges de remboursement des crédits est probablement liée au sentiment d’une dégradation de la situation financière des Français. En effet, 48 % des sondés qualifient leur situation d’un peu ou de nettement dégradée, un chiffre en hausse de 9 points en seulement un an.

L’alourdissement des charges financières perçu par les ménages doit toutefois être relativisé. Effectivement, 84 % des personnes interrogées affirment que leurs charges sont supportables bien qu’elles soient parfois jugées trop élevées. Par ailleurs, la Banque de France a dû gérer 151.000 dossiers de surendettement en 2018, contre 168.000 en 2017, des chiffres qui attestent d’un nouveau recul du surendettement des ménages.

Crédit immobilier : des intentions en baisse

Même si les conditions de crédit sont favorables, les intentions de souscriptions pour les prochains mois sont en baisse. En 2018, 47,8 % des Français avaient souscrit un crédit, dont près d’un tiers un prêt immobilier, avec un encours total à 1.003 milliards d’euros. La part des ménages ayant l’intention de souscrire un nouveau crédit immobilier a nettement reculé entre 2017 et 2018, passant de 5 à 4,2 %. Concernant les crédits à la consommation, les intentions de souscriptions sont restées relativement stables, à près de 4 %. Elles restent toutefois très faibles comparées à celles enregistrées entre 2000 et 2010.

Vers un ralentissement du marché en 2019 ?

L’année 2019 devrait être dominée par un recul des demandes de prêts immobiliers et de manière générale, par la contraction du marché. Une enquête réalisée par la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) confirme la tendance observée par la FBF puisqu’elle montre une forte baisse des ventes de logements neufs collectifs, de 10.000 à 15.000 unités en 2018. La FPI envisage une nouvelle baisse en 2019.

Sur 12 mois à fin novembre 2018, le nombre de permis de construire accordés pour des logements collectifs a déjà chuté de 4,9 %. Sur les trois derniers mois de l’année, les mises en chantier ont reculé de plus de 18 % par rapport à la même période en 2017. Certaines organisations du bâtiment indiquent que ces chiffres sont liés au mouvement des Gilets Jaunes. Après deux ans de progression régulière, la construction de logements a donc nettement ralenti en 2018, les mises en chantier passant sous le seuil des 400.000 alors que les permis de construire ont également reculé.

Le ralentissement du marché immobilier est bien réel. Le nombre de biens mis en vente par les promoteurs immobiliers a diminué de -14 % sur les 9 premiers mois de l’année 2018, notamment à Lyon et Bordeaux. De fait, le repli majeur des demandes de prêts immobiliers sera probablement suivi de celui du marché immobilier. A cela s’ajoute aussi l’alourdissement de la fiscalité sur l’immobilier avec par exemple l’instauration de l’impôt sur le fortune immobilière (IFI) venu remplacer l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et la mise en place de la taxe sur les résidences secondaires.